Sébastien Rémy
Silences et presque silences

14.10.2011
STUDIO, Paris (11e) / dans le cadre de frasq #3

Nl

Het plaatsen van het werk in het hart van een productieproces waar verschillende ambachten elkaar ontmoeten (werknemers, musici, sportievelingen, onderzoekers...), probeert Sebastien Remy (Frankrijk, 1983) de codes en representatie systemen van een cultureel gebied naar een andere te verplaatsen en te herschikken, wat bijdraagt tot de herdefiniëring van het werk en de status van de kunstenaar. 'Stiltes en bijna stiltes' gepresenteerd in STUDIO bereiken het einde van de kunst en de kunstenaars vluchten naar dezelfde hoek.

En

By placing the art work at the heart of a production process in which many trades converge (workmen, musicians, sportsmen, researchers...), Sébastien Rémy (France, 1983) aims to displance and rearrange the codes and wheels from one cultural background to the next, thus contributing to a redefinition of the art work and the artist's status. 'Silences and Near Silences' presented at STUDIO tackles, in the form of a conference, the abdication of art and those artists driven into the far corners of the end of art.

Fr

Situant l'œuvre au cœur d'un processus de production où se rencontrent différents corps de métiers (ouvriers, musiciens, sportifs, chercheurs...), Sébastien Rémy (France, 1983) cherche à déplacer et à réagencer les codes et systèmes de représentation d'un territoire culturel à un autre, participant ainsi à la redéfinition de l'œuvre et du statut de l'artiste. 'Silences et presque silences' présenté à STUDIO aborde sur le mode d'une conférence la démission de l'art et ces artistes poussés aux retranchements de la fin de l'art.

 

Entretien avec Sébastien Rémy

Or Nothing : Les sources théoriques constituent tes interventions autour de sujets spécifiques. Quelles sources t'intéressent tout particulièrement ? Et de quelle manière cherches-tu à les transmettre ?

Sébastien Rémy : Les sources abordées sont hétérogènes. Elles dépendent vraiment du sujet (l'histoire de la conférence depuis le XVe siècle jusqu'aux keynotes de Steve Jobs, l'abandon de l'art, la communication avec l'Au-Delà...) et aussi de la forme des interventions. Il y a peut-être cependant le rôle de la parole, du discours qui est souvent présent : l'étude des actes de langage, des effets d'annonce et de leurs visées dans différents champs culturels et économiques. (Les conférences d'Edison et Tesla à propos de leurs travaux dans le contexte de la «guerre des courants» – visant l'approvisionnement en électricité des Etats-Unis – , certaines stratégies de communication utilisées par l'inventeur Frank Sumption pour détenir le leadership du marché des « ghost boxes », –appareils utilisés pour parler avec les défunts –, les moyens utilisés par les artistes pour signaler l'arrêt ou l'abandon de leur pratique...). Le choix de privilégier les formes orales est un moyen de renvoyer aux sujets abordés, de mettre en abyme (et d'incarner) la figure du conférencier et les conditions d'une transmission... La forme des interventions, comme celle-ci (principalement définie par le contexte d'énonciation) sont donc diverses : conférences, échanges autour d'un thé, accueil des convives lors d'un repas en plein air...

ON : La réception est un élément qui te tient à cœur. La relation que tu instaures avec tes invités sort du spectacle et de la représentation que peut parfois incarner la performance. Comment envisages-tu ton rôle de conférencier et ta position vis-à-vis de ton public ?

SR : Ce choix de recourir à des modes mineurs de discours (comme ces échanges de repas en plein air) très liés à leur contexte d'énonciation favorise sans doute cette relation avec les invités que tu décris comme "sortie du spectacle" ; des modes d'échanges qui paraissent peut-être plus présentés plutôt que représentés. Cependant, les procédés de mise en abyme, les correspondances existant entre les sujets et la forme orale qui les amène participent (en même temps qu'ils les désignent) à la mise en scène, à la représentation du discours. J'envisage mon rôle de conférencier autant dans la possibilité de transmettre un savoir, de mettre en scène cette transmission que d'incarner certaines figures qui naissent du récit. Ensuite, chaque conférence est différente : certaines laissent une place importante aux documents (lus, visionnés..., il s'agit alors de trouver un bon équilibre entre les différents types de narrations), alors que d'autres reposent essentiellement sur le récit performé et l'articulation d'exemples plus ou moins décontextualisés. Je pense que ma position vis-à-vis du public dépend principalement du cadre de la conférence et de son sujet.

ON : Donnes-tu des traces à ces conférences, sous forme écrite ou orale ?

SR : Oui, il peut y avoir des traces - le plus souvent sous forme écrite - diffusées afin de communiquer à propos des conférences. Il s'agit de récits constitués par une succession de citations. Ces récits fragmentaires viennent prolonger les thèmes principaux présents dans la conférence, en même temps qu'ils me permettent de développer plus particulièrement tel aspect (ou les mêmes thèmes vus sous un autre prisme) plus ou moins abordé lors de la conférence. Ces textes parfois très différents les uns par rapport aux autres, (dans le nombre des citations, dans l'hétérogénéité des documents les constituant – d'origines, d'adresse – ) conservent une autonomie par rapport aux conférences.