Sandro Della Noce
Lottoprogettazione

24.04.2013
Avenue de la Couronne 29 - Brussels

EN

With Lotoprogettazione, Sandro Della Noce (France, 1982) fully invests the venue, that of a renovation house for an in situ project bringing together industrial design, construction techniques and an engraving by Albrecht Dürer. Incorporating the constraints from the venue (domestic decor, absence of light), the composite structures of the artist combine balance games and multiple hooks hangers. Altogether they build a sculptural scenario echoing a time stratification embodied by the sequential tapestries drawn from the building ageing process.

FR

Avec Lotoprogetazzione, Sandro Della Noce (France, 1982) se prête au lieu, une maison en réhabilitation, dans un projet in situ ayant pour vocabulaire le design industriel, les techniques de construction et une gravure d’Albrecht Dürer. Prenant parti des contraintes du lieu (le décor domestique, l’absence de lumière), les structures composites de l’artiste, alliant jeux d'équilibre et multiples systèmes d'accroches, construisent un scénario sculptural en écho à la stratification du temps matérialisée par les tapisseries d'époques successives du bâtiment.

« Lotoprogettazione », clin d’œil au concept d’autoprogettazione d’Enzo Mari, matérialise un projet in situ en résonance avec un ancien restaurant chinois nommé « Lotto ».
La rencontre du lieu et de l’artiste a été déterminante dans la réalisation d’éléments sculpturaux intégrés à la bâtisse, porteur des murs et de leurs histoires.

Les strates de tapisseries d’époques distinctes sont découpées et dessinent une scène de cannibalisme issue d’une gravure d’Albrecht Dürer. L’apparition des différents motifs, révélateurs des temps passés, dévoile une représentation mentale d’un acte de barbarie. Au sol, deux sculptures anatomiques font écho : l’une inspirée de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, l’autre d’une seconde gravure de Dürer, une tête de bélier aux yeux multiples, sorte de dieu omniscient.

Au cœur d’une composition dans laquelle on se sent rapetissé, les détails conjuguent différentes histoires. À ce titre, l’installation domestique de Sandro Della Noce se découvre en plusieurs étapes.
Des structures en suspension, des volumes en équilibre, par l’emploi de poutres traversantes et de cordages, créent une tension palpable et invitent à percevoir des éléments de l’architecture environnante comme les motifs géométriques d’une cheminée reproduits en miroir et projetés sur le mur frontal à l’aide de deux barres tenues à l’extrémité par des roulettes.
Dans la pièce centrale, un miroir quasi horizontal, appuyé contre un mur et porté par un cordage, souligne les imperfections du plafond et accentue une impression d’équilibres improbables. Un peu plus loin, une pièce métallique recouverte d’une peau en latex captant les nervures du bois, se meut légèrement par le passage du vent.
On entre dès lors dans un monde où les logiques sont renversées, dans un jeu de perspectives faussées ou réinventées. Pointent en arrière plan les mythologies associées au cannibalisme et aux pratiques funéraires, à travers Dürer, les fragments anatomiques, et des structures qui évoquent les étranges cercueils suspendus de Sagada...

Dans cet espace dépourvu d’éclairage, Sandro Della Noce propose une sculpture porteuse de lumière, l’une suspendue au-dessus de l’une des poutres, tenue par l’un des cordages, l’autre à même le sol. À la tombée de la nuit, la lumière traverse les espaces et crée une atmosphère intrigante, tel un set cinématographique.
La maison devient container de traces d’une histoire morcelée, jamais racontée, qui passe de la sculpture anatomique à la gravure, du cannibalisme à une image dissimulée derrière l’une des pièces - un dromadaire en pierre issu d’une allée menant à un tombeau de la dynastie Ming... Dans une pièce attenante, un élément en acier et bois peint pourrait bien rappeler le pelage des perruches habitant librement la ville de Bruxelles.
Un va-et-vient s’installe entre l’intérieur et l’extérieur, prononcé par un éclairage extérieur bricolé depuis le toit apparenté à un autre élément sculptural.

L’imbrication de différentes temporalités et d’imageries, selon une logique hors cadre, dans une lecture « à tiroirs » crée une ambiance déroutante au sein de cette maison empreinte de ses souvenirs :
dans « Lotoprogettazione », un équilibre essentiel s’installe entre les choses où le retrait d’un élément en entraînerait leur chute.

L'exposition n'aurait pu voir le jour
sans l'enthousiasme et la confiance
de Francesco Frapiccini.

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